Le concept d'un autofocus pour chaque objectif ne convainc
personne, le système de détection doit être intégré dans
le boîtier; pour le moteur de mise au point et son alimentation,
on se cherche encore.
Une mise au point par déplacement du plan film est évoqué,
qui n'aurait pas l'inconvénient pour le consommateur de changer ses
optiques pour accéder à l'AF, mais n'est guère réaliste
techniquement en 1980.
Contax utilisera ce principe sur son gros et lourd reflex AX en 1995,
permettant ainsi la mise au point automatique avec les optiques Zeiss
classiques.
L'engin n'aura pas de descendance, ce mode de mise au point nécessite une trop
grande précision sur une course trop faible, et est finalement trop
compliqué et trop cher!
Kina
1981, Pentax présente le ME-F, premier vrai reflex AF mis sur le marché.
Le capteur AF et son alimentation sont dans le boîtier, qui communique
par une série de contacts sur la baïonnette avec son objectif
dédié, porteur de son moteur de mise au point et de son
alimentation. Avec les optiques Pentax classiques, le ME-F offre la
mise au point assistée par des diodes dans le viseur. (plus
de détails dans la doc, page
Matos)
Canon réplique début 1982 par la sortie
de l'AL 1 Quick Focus, qui est uniquement un appareil à mise
au point assisté.
Ces deux appareils utilise un module de mesure du contraste
pour assurer la mise au point. Au moyen de 2 ou 3 capteurs CCD, le module évalue
le contraste de la cible, si celui est maximal la mise au point est correcte,
en cas de défocalisation le contraste est plus faible et en fonction
de son "profil" le calculateur peut indiquer si le plan de mise
au point est en avant ou en arrière de la cible. Voir
schéma.
En condition réelle d'utilisation le système montre vite
ses limites!
Toutefois Ricoh
et Chinon présentent des reflex similaires au Canon AL
1 QF, pour être présent dans la course!
Kina
1982, Olympus sort l'OM 30. C'est à ma connaissance le premier à utiliser
un capteur à décalage de phases (dit aussi à contraste
de phases, mais cela peut prêter à confusion avec le
module à mesure
du contraste). Le faisceau lumineux issu de l'objectif est repris
par un petit système optique qui le sépare et le projette
sur 2 CCD, si la mise au point est ok chaque demi faisceau est focalisé en
un point au centre de chaque CCD. Si la mise au point est mauvaise
chaque demi faisceau ne fait plus un point mais un tache sur les CCD,
mais surtout ces taches sont décalées par rapport
au centre du CCD. Le calculateur associé "sait" ainsi
si le plan de mise au point est devant ou derrière la cible.
Un site où l'on trouve une page qui l'explique très bien: http://www.edgar-bonet.org/physique/af)
C'est ce type de capteur qui s'est imposé sur tout les reflex AF.
Evidemment, en 1982, il n'est pas aussi efficace qu'aujourd'hui mais c'est déjà un
progrès sur les capteurs à mesure de contraste! Notez bien que
le décalage de phases est quand même dépendant du contraste
de la cible, en effet plus le contraste est élevé plus le CCD peut
la "voir"! Un capteur AF ne peut pas fonctionner sur une plage uniforme,
sans détails ou aspérités qui fournissent au CCD un "repère" pour
en mesurer le décalage.

A
cette même
Kina, on peut découvrir sur le stand Contax un prototype intéressant,
sur une base de 137 MD, un boitier AF dont le moteur de mise au point
est situé dans le boitier. Le mouvement est transmis à l'objectif
AF par une "fourchette" placé dans la baïonnette,
un principe adopté plus tard par Minolta, Nikon et Pentax. Malheureusement
Contax ne persistera pas dans cette voie et ne reviendra à l'AF
que 17 ans plus tard avec une nouvelle monture !
Puis arrive
1985 et la bombe Minolta 7000 ! Nouvelle monture, capteur AF qui
marche, moteur de mise au point dans le
boîtier,
il rencontre un immense succès. Son architecture semble la plus
viable et elle va être reprise par Nikon et Pentax.
Canon riposte
avec le T 80, un T 70 équipé du
module AF de l'AL 1 de 1982 (!) et des optiques à moteurs intégrés.
Mais
en 1985 ceux ci sont encore trop gros, trop lourds, et les zooms ainsi équipés paraissent monstrueux; de plus le capteur
AL 1 est complètement dépassé et le T 80 fait
pâle figure face au Minolta 7000. A l'époque cette création
de Canon déçoit beaucoup et on attend énormément
du T 90, qui s'avére être un boîtier à mise au
point manuelle ! Ce reflex de très haut niveaux par son obturateur
de course, sa mesure de la lumière élaborée, son ergonomie
innovante et son système flash TTL (le premier de Canon !) a suffisamment
d'argument pour faire oublier son absence d'AF. Ce sera le cadeau d'adieu à la
baïonnette FD, mais personne ne le sait encore.
La première réponse crédible à Minolta
vient de Nikon avec le 501 en 1986. Ce boitier motorisé très
classique utilise un module AF Honeywell, comme le F3 AF. Mais cette
fois le moteur de mise au point est dans le boîtier, "à la
Minolta". La baîonnette F ainsi modifiée reste totalement
compatible avec les optiques à mise au point manuelles.
Olympus est le troisième constructeur à présenter
un reflex AF, l'OM 707, à la Kina 1986. Les optiques AF qui
l'accompagnent ont pour caractéristique de ne posséder
ni bague de diaph, ni bague de mise au point
! La mise au point manuelle se fait à partir du boitier, au
moyen d'un curseur actionné par le pouce droit. Hélas
son ergonomie est très médiocre et son action est soit
trop lente, soit trop rapide et l'on arrive jamais au réglage
voulu ! De plus la compatibilité avec les anciennes optiques
Zuiko est très limitée, mécaniquement la monture
est la même, mais sans objectif AF l'OM 707 ne mesure pas la
lumière !
Manquant d'ambition avec son seul mode programme, l'OM 707 ne convainc pas et
Olympus se tournera vers les bridge-cameras.
Les deux derniers
des "grands" à rentrer dans la danse sont Canon et
Pentax début 1987, chacun à leur manière ...
Canon a mis son retard à profit, et tous ses moyens, pour concevoir sa
propre technologie AF. Le résultat est une nouvelle monture sans le moindre
couplage mécanique et des optiques qui intégrent des micromoteurs
pour actionner le diaph et la mise au point. Mais cette fois, oublié le
T 80, l'intégration est parfaite et les objectifs ne sont pas plus gros
ou plus cher que la concurrence.
Le module AF utilise un capteur MOS de conception Canon, qui n'aura pas ainsi à partager
avec ses petits camarades un fournisseur extérieur, ni à utiliser
un brevet mettant en jeu des CCD.
Le résultat est l' EOS 650 très vite suivi par l' EOS 620 (un 650
avec l' obturateur du T 90).
De son coté Pentax présente le SFX, un
reflex motorisé à flash intégré (une première)
et AF par capteur CCD. L'accent est mis sur le système optique
qui transmet l'image au CCD (lentilles asphériques). Le moteur
de mise au point est dans le boitier et transmet son mouvement par
la classique "fourchette". Avec un nouveau contact pour l'échange
d'info entre boitier et objectif, c'est le seul changement que subit
la baïonnette KA. La compatibilité avec les anciennes optiques
est donc totale.
Mais revenons à Nikon; le F 501 a le moteur
de mise au point dans le boitier et le confidentiel F3AF possédait
les circuits et contacts de baïonnette pour faire fonctionner
des objectifs à moteur intégré ... Or quand sort
le F4 en 1989, il posséde toujours le moteur AF dans le boitier
et en plus l'interface du F3AF ! En effet, on s'est aperçu très
vite que le moteur intégré à l'objectif était
beaucoup plus performant dans le cas des longues focales, le 2,8 de
300 Canon impressionne par sa rapidité et son silence, le Nikon
sans être ridicule marque le pas. Pour les 500 et 600 mm, le
fossé se creuse encore plus : le 600 Minolta mouline dans un
véritable vacarme alors que le 600 Canon est toujours rapide
et silencieux, Nikon contourne le problème en sortant un 500
AI-P à mise au point manuelle !! Finalement Nikon ne sortira
ses longues focales AF que plus tard et avec un moteur AF dans l'objectif,
ce sera d'abord les AFI, puis les AFS. Cette technologie sera aussi
appliquée au 2,8 de 300.
Les deux options de motorisation se complétent finalement fort
bien.
On ne peut que regretter que Pentax ait abandonné l'interface du ME-F,
se privant ainsi d'une voie d'évolution. Alors même que Minolta
annonce, en 2003, l'apparition prochaine d'un 300 et d'un 80-200 à motorisation
intégré à l'objectif !!
Voici
un extrait d'un comparatif des reflex AF parus dans Chasseur
d'images n° 93
de juin 1987 : AutoFocus, ce qu'on peut en attendre.
Cette
fois c'est fait, l'autofocus est entré dans les moeurs ! Neuf boîtiers disponibles
qui, à eux seuls, totalisent plus de 50% des ventes de reflex
24 x 36... plus possible de douter, l'automatisme AF fait une certaine
unanimité parmi les utilisateurs. Pourtant, l'autofocus
ne résout pas tous les problèmes, loin de là...
La nécessité de centrer le sujet.
Le système de mise au point ne fonctionne que si le sujet est centré sous
la zone matérialisée par une petite fenêtre rectangulaire,
au milieu du verre de visée. Face à un sujet immobile, on centre,
on fait le point et on recadre. Si le sujet se déplace et qu'on souhaite
une mise au point continue, impossible de décentrer, à moins
de repasser en manuel!
Un sujet contrasté.
Les reflex A F effectuent une mesure de contraste, ce qui suppose que la plage
de référence ne soit pas uniforme ! Ainsi, un visage en gros
plan ne présente pas un contraste suffisant. Même chose si la
lumière vient à manquer. Il reste alors une solution : le flash,
avec son illuminateur intégré (sorte de mini mire). Ou la mise
au point manuelle!
Le temps de réaction.
Quand les sujets vont vite, l'autofocus ne suit plus. Les performances s'amenuisent à mesure
que la lumière diminue. Les fabricants publient des tableaux dans lesquels
ils indiquent des mesures spectaculaires, type temps de passage de 0,40 m à l'infini...
ce qui ne signifie rien : tout dépend du sujet, de la lumière
et de sa vitesse de déplacement.
L'imprécision.
Une petite phrase, dans notre dossier hors série "Spécial
Objectifs" en a fait bondir plus d'un: nous soulignons l'imprécision
de la mise au point de certaines marques. Il arrive souvent qu'un boîtier
A F déclenche trop tôt ou trop tard, alors que la mise au point
n'est pas bonne!
Notre test.
Nous avons essayé de tenir compte de tous ces paramètres pour établir
un classement entre les différents reflex. Le test décisif a consisté à déclencher
les appareils, calés en mode AF continu, face à un sujet se déplaçant
vers l'appareil à des vitesses constantes
Ce test a été répété à plusieurs
reprises, et nous avons comparé les résultats sur film.
Ce n'est donc pas de la théorie, mais une application pratique
tout à fait concrète, réalisée dans d'excellentes
conditions de lumière (f/2,8 pour 1/500s), soit IL 12 pour 100
ISO. Voici les résultats:
- Canon EOS. Sujet
rapide: c'est la panique ! L'appareil fait le point, déclenche..
mais la photo est floue, la mise au point étant toujours
faite en avant. Vitesse moyenne: tout s'arrange: l'EOS va vite,
fait le point avec précision et ne patauge qu'à très
courte distance (moins de 1,50 m).- Minolta 5000/7000. Sujet
rapide : échec total; beaucoup de photos, mais toutes sans
exception sont floues. Vitesse moyenne : les 5000 et 7000 font
plus de photo que l' EOS mais avec un taux de flou plus élevé.
- Minolta 9000. Le
mode motorisé continu est inutilisable face à des
sujets rapides : 5 i/s, mais tout est flou. Vitesse moyenne: tout
s'arrange:
le fonctionnement du 9000 devient correct, mais encore beaucoup
de flou.
- Nikon F-501. Sujet rapide: le F-501
fait très peu de photos (moitié moins
que ses concurrents, mais la plupart sont nettes, quelques-unes "limites" et
aucune totalement floue. Vitesse moyenne: excellent
score à courte et moyenne distance. A grande
distance, la plage d'analyse un peu large du F-501
l'a pénalisé au cours de notre test.
-0lympus OM-707. Sujet rapide: excellent comportement. L'un des
meilleurs du test. Peu de photos, mais toutes sont nettes. Vitesse moyenne:
Nombre peu élevé d'images
(à cause de la cadence du moteur, un peu faible), mais toutes sont nettes.
Amusant: l'appareil a fonctionné à grande et à courte
distance, mais n'a pris aucune photo à moyenne distance.
- Pentax SF-X. C'est le meilleur de la série, et de loin,
puisque nous n'avons enregistré aucune photo floue, quel que fût
le contexte. Il a fait peu de photos, mais toutes sont bonnes. Les difficultés
de mise au point sont rencontrées à moyenne distance (entre 3
et 5 mètres).
- Yashica 230 AF. Il talonne le Pentax et se montre plus rapide que
lui (nous avons obtenu davantage d'images), mais avec quelques très
rares défaillances à moyenne distance.
- Visu-hand. Un oeil, une main et le mode manuel.. ou, si vous préférez,
le même test réalisé par un photographe "normal",
en mode manuel. Sujet rapide : très peu de photos, toutes sont nettes.
Vitesse moyenne: autant de photos qu'avec un autofocus, toutes sont nettes.
Technique utilisée: mise au point anticipée et déclenchement
quand le sujet arrive au bon endroit.
LE BILAN.
Impossible d'établir un classement strict: chaque appareil a ses points
forts et ses faiblesses et il faudrait publier autant de tableaux que de types
de sujets choisis, tout en nuançant en fonction de la distance et de
la lumière. Face à des sujets immobiles ou très lents,
l'autofocus fonctionne plutôt bien, même si le réglage choisi
pourrait parfois être plus précis (cas du Nikon F-501 notamment).
En revanche, dès que le sujet bouge, l'écart se creuse. Entre
les appareils qui déclenchent sur un sujet flou et ceux qui . ne sont
jamais prêts au bon moment mais donnent quand même des photos
nettes... quand ils peuvent, une conclusion s'impose: la main de l'homme reste
plus efficace
!
Notre classement, directement lié à nos critères, est
donc le suivant:
- nettement en tête, le Pentax SF-X et le Yashica 230AF Les plus rapides
et les plus précis dès que le sujet bouge;
- vient ensuite l' Olympus OM-707; ce n'est pas un foudre de guerre, mais
il met l'utilisateur à l'abri du flou, ce qui est un gros avantage. En
revanche, il n'est pas toujours facile de déclencher exactement quand
on le voudrait;
- derrière les Canon EOS, qui, face à des sujets rapides, privilégient
l'instant et semblent vouloir déclencher coûte que coûte,
même si ce n'est pas net. On aura intérêt à rester
en mode programme ou sur des diaphs permettant de bénéficier
d'une bonne profondeur de champ (f/8 par exemple).
-suivent, dans l'ordre: les Minolta 5000 et 7000, le Nikon F-501 puis le Minolta
9000. Celui-ci est aussi précis que ses petits frères mais la
cadence élevée de son moteur contribue à multiplier les
photos floues si on déclenche sans contrôler.
Note:
l'expression "vitesse élevée
désigne un sujet comportant une mire de contraste et se
déplaçant rigoureusement dans l'axe de l'appareil à une
vitesse fixe d'environ 30 km/h La "vitesse moyenne" correspond à 10
km/h Ces chiffres sont donnés à litre indicatif,
les résultats étant susceptibles de varier selon
le type de plage de référence, la vitesse du sujet,
la luminosité ambiante, etc....